dimanche 1 décembre 2013
samedi 30 novembre 2013
vendredi 20 septembre 2013
PHILLIPE SOLLERS EST MORT.......PHILIPPE MURAY EST VIVANT
Incroyable cette interview (ici) de Philippe
Sollers. Incroyable de suffisance. « La providence m’aidant… ». Incroyable de banalité également.
« J’ai anticipé le fait que la
lecture allait disparaître ». Quel nez ! « On assiste au triomphe du capitalisme
financier. » Quel pouvoir d’analyse !
Il n'y a plus de littérature mais je
continue à éditer nombre de jeunes auteurs talentueux....etc...etc...
Cela pourrait porter à rire, du moins
jusqu'à la question fatidique posée par la perspicace journaliste :
« Regrettez-vous d'avoir publié certains auteurs, comme Marc-Édouard
Nabe ou Philippe Muray ? » Je retranscris sa réponse telle
quelle : « Pas du tout. J’ai publié le meilleur texte de
Muray, Le XIXe Siècle à travers les âges. Le problème, c’est quand il
a voulu faire des romans inaboutis qui n’ont pas marché, puis il s’est très mal
entouré, des gens comme Elisabeth Lévy, Aude Lancelin. Marc-Edouard Nabe avait
quelque chose, puis ça a été un suicide. Stéphane Zagdanski aussi. Leur
problème, c’est qu’ils ont eu une mauvaise vie. La mauvaise vie, les mauvais
partenaires, on ne s’en rend pas tout de suite compte, mais après les sanctions
tombent : la maladie, la marginalisation, on devient sous influence… Chez
Muray, ça a été catastrophique. » En gros et si je comprends bien,
Philippe Sollers insinue que Philippe Muray est tombé malade et qu'il est mort
parce qu'il s'est mal entouré et qu'il a cessé d'être édité par Philippe
Sollers, qui avait, dans tous les cas, édité son meilleur livre.
Philippe Muray est mort d'un cancer du
poumon à l'âge de 60 ans parce qu'il fumait comme un pompier ! Si l'on
considère que l'échec conduit à la maladie, alors qu'en est-il de Pierre
Desproges, de Jacques Brel et j'en passe? Et qui est-il, ce Sollers, pour juger
de ce qu’est une bonne ou une mauvaise vie ?
D'ailleurs, la réponse ne se fait pas
attendre puisque le magazine Causeur, dirigé par Élisabeth Lévy justement, a
l'excellente idée de publier chaque mois un extrait du journal de Philippe
Muray que je reproduis ici :
« 5 décembre 1985. Ce
que veut Sollers, je le comprends enfin, je le savais depuis toujours, ce n’est
pas être un grand écrivain, ça ne lui suffit pas. Ce qu’il veut, c’est être le
dernier écrivain. Qu’après lui il n’y ait rien. Son aventure, selon
lui, ne prendra tout son sens qu’à cette condition. Ce qu’écrivent les autres,
si ça ne concourt pas à la réalisation de ce projet, est nuisible. C’est un
danger, ou au moins un retard, un atermoiement inutile. L’ennui est que, plus
timidement, dans mon coin, avec infiniment moins de moyens (d’où ma
discrétion), je pense la même chose. Son agressivité destructrice s’explique
par là. Le besoin de maintenir sous sa surveillance n’importe qui, du moment
qu’il sent un peu d’originalité virtuelle. La nécessité d’être en éveil tout le
temps, jour et nuit. Épuisant probablement. La haine maladive. La gentillesse
aussi, la générosité soudaine, comme une surprise qu’il se fait à lui-même. La
nécessité, la fatalité de n’avoir plus autour de lui que des larbins obscurs ou
des cons célèbres sans aucun danger. La rage folle consistant à jouer l’un
contre l’autre tous les écrivains, tout le temps (Roth pour écraser Kundera, en
ce moment ; Jean Rhys contre O’Connor à cause de mon penchant, ces
derniers mois, pour elle). N’importe quel écrivain, vivant, mort. Tout ça doit
disparaître. Vue de l’extérieur, subie péniblement, son attitude est absolument
nihiliste. La nullité de ce qu’il publie maintenant dans sa revue et sa
collection est également logique. Puisqu’il doit être le dernier. »
Et quant à moi je préfère fréquenter un
mort toujours vivant comme Philippe Muray, plutôt qu'un vivant déjà mort comme
Philippe Sollers.
mardi 23 juillet 2013
Finalement, Inna Shevshenko m'aura bien fait rire en déclarant que " maintenant, tous les homophobes, les extrémistes et les fascistes vont devoir lui lécher le cul quand ils voudront envoyer une lettre". Sauf qu'elle ne cherchait pas à être drôle, sauf qu'aujourd'hui on ne lèche plus les timbres, sauf qu'en général quand on lèche un cul, c'est pour le préparer à des choses plus poussées. Mais sinon elle m'a bien fait rire...
ILLUSIONS PERDUES (BALZAC)
P81
L’un des malheurs auxquels sont soumis les grandes
intelligences, c’est de comprendre forcément toutes choses, les vices aussi
bien que les vertus.
Ces deux jeunes gens jugeaient la société d’autant plus
souverainement qu’ils s’y trouvaient placés plus bas, car les hommes méconnus
se vengent de l’humilité de leur position par la hauteur de leur coup d’œil.
P130
Les mots beauté, gloire, poésie, ont des sortilèges qui
séduisent les esprits les plus grossiers.
P185
Paris n’est pas beau dans ces petites choses auxquelles sont
condamnés les gens à fortune médiocre.
P193
Les hommes qui ont tant de choses à exprimer en de belles
œuvres longtemps rêvées professent un certain mépris pour la conversation,
commerce où l’esprit s’amoindrit en se monnayant, …
P214
Le monde vous dédaigne, dédaignez le monde.
P225
…il se promena le long du trottoir en regardant
alternativement l’eau de la
Seine et les boutiques des libraires, comme si un bon génie
lui conseillait de se jeter à l’eau plutôt que de se jeter dans la littérature.
P234
Le talent est une créature morale qui a, comme tous les
êtres, une enfance sujette à des maladies. La Société repousse les
talents incomplets comme la
Nature emporte les créatures faibles ou mal conformées.
P236
La femme porte le désordre dans la société par la passion.
P241
L’Envie, cet horrible trésor de nos espérances trompées, de
nos talents avortés, de nos succès manqués, de nos prétentions blessées, leur
était inconnue.
P248
Folie pour folie, mets la vertu dans tes actions et le vice
dans tes idées ; au lieu, comme te le disait d’Arthez, de bien penser et
de te mal conduire.
P249
Les journalistes
P264
Aussi une critique, faite pour être rétorquée ailleurs,
vaut-elle mieux et se paye-t-elle plus cher qu’un éloge tout sec, oublié le
lendemain. La polémique, mon cher, est le piédestal des célébrités.
P351
Tu réussiras, mon petit ; mais ne sois pas aussi bon
que tu es beau, tu te perdrais. Sois méchant avec les hommes, c’est bon genre.
P401
Les poètes aiment plutôt à recevoir en eux des impressions
que d’entrer chez les autres y étudier le mécanisme des sentiments.
P433
…le talent est même longtemps nuisible s’il n’est accompagné
d’un certain génie d’intrigue…
P449
…il faut être un grand homme pour tenir la balance entre son
génie et son caractère. Le talent grandit, le cœur se dessèche.
P549
Dans les pays dévorés par le sentiment d’insubordination
sociale caché sous le mot égalité,…
P561
Dans une vie tiède le souvenir des souffrances est comme une
jouissance indéfinissable.
P581
…la résignation est un suicide quotidien…
P595
…la Société
s’est insensiblement arrogé tant de droits sur les individus, que l’individu se
trouve obligé de combattre la Société.
mercredi 3 juillet 2013
vendredi 28 juin 2013
PROMO NOUVEL ALBUM
Déjà plusieurs émissions calées à la rentrée pour la sortie de mon nouvel album:
-Le pont des artistes
-Sous les étoiles exactement
-Taratata
-CD'aujourd'hui
...(à suivre)
-Le pont des artistes
-Sous les étoiles exactement
-Taratata
-CD'aujourd'hui
...(à suivre)
mercredi 26 juin 2013
LA GLOIRE DE RUBENS
LA GLOIRE DE RUBENS
Philippe Muray
Quelques notes (suite et fin)
Philippe Muray
Quelques notes (suite et fin)
P87
Des oiseaux ont bien tenté de picorer la grappe de raisin
peinte par Zeuxis parce qu’elle avait l’air plus vraie qu’une vraie ; je
frémis à l’idée de ce que je pourrais faire, moi, avec une femme signée Rubens,
si les convenances ne me retenaient pas.
P91
Pour être aimé, deux solutions, pas trois : la
réclusion cistercienne ou les fumigènes romantiques.
P104
« Dans tous les arts, écrit Proust, il semble que le
talent soit un rapprochement de l’artiste vers l’objet à exprimer. Tant que
l’écart subsiste, la tâche n’est pas achevée. »
P118
Il y a deux façons de méconnaître résolument son propre
temps : soit on adhère comme un fou à tous les délires du moment, on
s’engage, on se solidarise, on milite, on s’aveugle, on prend parti
éperdument ; soit on se détourne du courant, on s’enfonce dans la
contemplation, on ne veut rien savoir de ses maîtres pour mieux continuer à s’y
plier. Tout-tragique ou tout-poétique ; dans les deux cas
la même ferveur, la même passion d’esclavage, la même servitude de toute façon.
P119
La bête noire de la culpabilité, c’est le langage
évidemment, elle préfère de loin la musique, elle en met partout, elle en
rêverait dans tous les coins. Que la planète se transforme en une immense Fête,
vaseuse et morne, de la Musique égalisante. Musique aujourd’hui, forme suprême
de notre gâtisme consensuel ! « Viens, musique, emporte-moi avec toi
et sauve-moi de cet effort douloureux pour trouver les mots » : ainsi
chantait-on, déjà, au XVIIIe, quand on était poète, et romantique, et allemand.
P132
Le Mal n’est un être que si on le veut bien, c’est-à-dire
si on l’appelle à tue-tête, et notamment en arrêtant pas de le dénoncer. Le Mal
n’est Quelqu’un que si on en fait tout un plat en refusant d’en rire parce
qu’on préfère jouir de le prendre au sérieux. Le démon se sent menacé chaque
fois qu’on l’oublie cinq minutes, il connaît par cœur le puéril catéchisme de
la pub : qu’on parle de lui, en bien, en mal, mais qu’on en parle, ça ne
va pas plus loin. Être, pour lui, c’est d’abord être dénoncé.
P167
Tous les génies sont des esprits grossisseurs, c’est la
raison pour laquelle on a tendance à les trouver grossiers.
P170
« Il faut mettre sa passion dans les choses où
personne ne la met aujourd’hui », excellente recommandation de Nietzsche
que nous n’avions pas besoin de connaître pour la suivre spontanément.
P174
Le protestantisme, c’est incontestable, a « sauvé
les libertés humaines », et de la seule manière efficace : en
supprimant les artistes (la conception du salut comme donné, et non gagné,
implique que toute participation de l’être humain à son propre sauvetage est
illusoire ; corrélativement, les œuvres,
dans tous les sens du mot, deviennent inutiles).
P185
…Chaque fois, des musées entiers qui disparaissent !
Des centaines, des milliers d’œuvres, tableaux, sculptures, fresques ! Il
faut repeupler ces murs déshabillés. Les toiles deviennent des arguments dans
la controverse de fer et de feu qui a choisi l’Europe comme champ de bataille.
Et les Jésuites sont les plus formidables acheteurs d’espaces publicitaires
qu’on puisse imaginer. Bien après eux, on racolera pour des machines à laver,
des bagnoles, des fringues, des barils de lessive et milles autres produits
plus ridicules les uns que les autres, à l’aide d’une foule de filles nues. Alors
pourquoi pas, dès maintenant, quelques paires de fesses pour la plus grande
gloire de l’Église ?
Et qui serait capable de mettre en équivalence, sans
ridicule, la beauté des femmes et celle de la Foi ?
Qui, sinon Rubens, la plus grande agence de communication
de tous les temps ?
P187
La répétition est indispensable, et à tous les niveaux,
en effet, puisque c’est elle qui signale la présence d’un style, c’est-à-dire
quelque chose qui ne dépend pas du sujet traité, mais de la fréquence de
réapparition de celui qui le traite.
Il n’y a de style que par la répétition, dans la
répétition, pour le plaisir de se répéter, de se sentir de plus en plus répété,
donc de plus en plus différent, à l’infini, jusqu’aux constellations.
P188
…personne ne savait plus alors que l’image du corbeau,
dans une toile, loin d’annoncer des choses sinistres, était synonyme
d’Espérance pour la raison que son cri, disait-on, ressemblait au mot latin
« cras » qui signifie
« demain ».
P189
« L’aristocratie conduit naturellement l’esprit
humain à la contemplation du passé, et l’y fixe. La démocratie, au contraire,
donne aux hommes une sorte de dégoût pour ce qui est ancien. » Tocqueville
P213
Quelqu’un qui ne fait jamais de sport ne peut pas être
tout à fait mauvais.
P219
« Le charme d’une femme peut révéler beaucoup de
choses à un artiste sur son art » (Bonnard)
P223
…parce que le nu, de toute façon, quelle que soit
l’époque, quelles que soient les circonstances ou les baratins des
civilisations, ne peut être que
mythologique. Ni chaste, bien sûr, ni naturel, et encore moins innocent.
P227
« Un homme qui a le sentiment des fesses et des
seins est un homme sauvé ! » (Renoir à propos de Rubens)
P231
On peut appeler « moderne » ce réflexe qui
consiste à rendre proche un grand homme par la détresse qu’on lui suppose.
lundi 17 juin 2013
LA GLOIRE DE RUBENS
LA GLOIRE DE RUBENS
Philippe Muray
Quelques notes...(1)
P19
« Le trou que l’œuvre géniale, écrit Kafka , a
creusé par le feu dans ce qui nous entoure nous offre une bonne place où poser
notre petit flambeau. C’est pourquoi l’œuvre de génie est une source
d’encouragement, d’un encouragement qui s’exerce d’une manière générale et ne
pousse pas seulement à l’imitation. »
P20
La communication ne se fait vraiment à fond que sur des
échecs. Plus que sur des crimes, moins spectaculairement mais plus sûrement,
toute société est fondée et fermée sur des ratages commis en commun. Rien ne
fait plus groupe que le fiasco en
soi. Rien ne fédère davantage que le retour bredouille. Les seuls succès
véritablement appréciés par la communauté sont ceux qu’elle accorde de façon
posthume. Que votre objet vous échappe toujours, jusqu’au dernier moment, et
c’est gagné pour la postérité ! Tout, avec le temps, peut devenir magie
aux yeux de la société, à condition qu’elle se soit livrée, avant, à quelque
torture. Rattraper le coup, réparer des
injustices : nous ne nourrissons pas de plus grande passion ;
encore faut-il que, de ces injustices, nous ayons été d’abord les agents
vigilants.
P21
Tout ce qu’il veut au fond…ce n’est même pas tellement la
gloire, même pas la puissance, ni la découverte d’une vérité des abîmes, c’est mourir un peu plus instruit . Pour cela
il faut peindre, bien sûr, énormément.
P25
Supprimer les obstacles, comme le déclarait Picasso, à
rebrousse-poil de tout le catéchisme moderne, ce n’est pas la liberté,
« c’est un affadissement qui rend tout invertébré, informe, dénué de sens,
zéro ».
P38
…on ne peut pas parler que de ce qu’on aime, il faut
aussi, de temps en temps, rappeler ce qu’on déteste afin que, sous cet
éclairage, ce qu’on aime se fasse mieux voir.
P56
« Une manie, c’est le plaisir passé à l’état d’idée »,
affirme Balzac interprétant la « bricabracomanie » de Pons. Vous qui
n’êtes plus aimé, dit-il encore, vous qui ne pouvez plus boire à la
« coupe du plaisir », devenez collectionneur, « vous retrouverez
le lingot du bonheur en petite monnaie ».
dimanche 16 juin 2013
RENDEZ-NOUS NOS CHAÎNES!
"Ça fait 40 ans que tout le monde accuse la télévision d’être une machine à sidérer les esprits, à endormir les intelligences, à laver les cerveaux, à mentir sur tout et à transformer les hommes libres en légumes, à aliéner les gens au Grand Divertissement et à la Propagande, à instiller les ordres du Kapital (chaînes privées) ou du Gouvernement (chaînes publiques). Et le jour où enfin la télévision n’émet plus, ça crie à la confiscation de la Démocratie et au crime contre l’Information Qui Est Un Droit De L’Homme.
Non mais allô quoi."
mercredi 5 juin 2013
vendredi 31 mai 2013
samedi 25 mai 2013
Double : Pourquoi êtes-vous célèbre ?
Philippe Muray : Je ne
suis pas célèbre et je veillerai à ne pas le devenir, le cas échéant,
dans les termes où la célébrité est aujourd’hui misérablement concédée à
ceux qui en font la demande. J’ai commencé à essayer de donner de notre
temps une interprétation neuve et cohérente, et c’est sans doute parce
que cette interprétation n’apparaît pas, comme tant d’autres,
immédiatement bouffonne, malheureuse ou stéréotypée, qu’elle rencontre
un relatif écho. Il convient que celui-ci reste relatif, comme
l’existence.
mercredi 22 mai 2013
NOTRE-DAME DU MODERNE
(La même idée ici,)
lundi 22 avril 2013
CONFIGURATION DU DERNIER RIVAGE
CONFIGURATION
DU DERNIER RIVAGE
Michel
Houellebecq
Quelques
notes…
L’étendue grise
P20
Dans un
sens, il plutôt agaçant de constater que je conserve la faculté d’espérer.
Mémoire d’une bite
P44
Tu te
cherches un sex-friend,
Vieille cougar fatiguée
You’re approaching the end,
Vieil oiseau mazouté.
P47
Quand on
ne bande plus, tout perd peu à peu de son importance;
…
P48
Fardée
comme un poisson naïf
Dans
l’aquarium de nos souffrances
Vous
marchiez, et j’étais captif
De vos
lointaines apparences.
P49
…
(Le
système est organisé
Pour la
reproduction du même,
Le
darwinisme avalisé
Crée la
banalité suprême.)
Les parages du vide
P69
…
Le ciel
au fond des yeux.
Plateau
P79
…
À moins
d’imaginer que nous allons revivre
Revivre
sans conscience, que nos atomes idiots
Répétitifs
et ronds comme des billes de loto
Vont se
recombiner comme les pages d’un livre
Écrit
par un salaud
Et lu
par des crétins.
I READ THE NEWS TODAY OH BOY
Règle numéro un pour rester cool:
Ne pas lire les infos sur internet le matin au réveil.
Ne pas lire les infos sur internet le matin au réveil.
samedi 13 avril 2013
DE LA SUBVERSION AUX SUBVENTIONS
...De l'art contemporain à l'"esprit Canal +" en passant par le mouvement Femen, on voit partout, exposés en pleine lumière médiatique, les signes de la contre-culture, mais certainement pas la contre-culture elle-même. Et ce barnum n'est visiblement plus animé par des artistes maudits mais plutôt par ceux que Muray appelait les "mutins de Panurge" et Debord les "petits agents spécialisés de la pseudo-critique"...(Jérôme Leroy)
samedi 6 avril 2013
L'HOMME DE GAUCHE EST MAL PARTI
Voici ce qu'écrivait Michel Houellebecq en 2003 à propos de Philippe Muray. Intéressant dans le sens où des journalistes comme Nelly Kaprièlian par exemple encensent systématiquement le premier, quoi qu'il fasse, tout en fustigeant le second.
Michel Houellebecq
L'homme de gauche est mal parti
(Le
progrès n'est que le développement de l'ordre, Auguste Comte)
L'année 2002 restera marquée par l'accès, longtemps attendu, de la pensée de
Philippe Muray à une audience élargie. Non que ces épais volumes gris bleu, aux
titres dissuasifs, aient vraiment entraîné l'adhésion des foules; mais enfin il
s'est vu cité, et parfois interviewé, par de nombreux hebdomadaires de large
diffusion; on peut dorénavant à peu près suivre les prises de position
de Philippe Muray sans avoir à sortir à chaque fois de son Relay;
c'est un progrès considérable. S'il faut absolument parler de la modernité (ce
dont il m'arrive de douter), autant partir des livres de Philippe Muray, ce sera plus agréable et plus
instructif qu'aux temps où il fallait se coltiner Baudrillard et Bourdieu (ces exemples,
j'en conviens, sont un peu caricaturaux).
Considérons Philippe Muray comme une machine, dans laquelle on introduit des
faits (parfois réels, souvent médiatisés), et dont il ressort des
interprétations. Ces interprétations sont guidées par une théorie cohérente,
celle de la montée en puissance d'une terreur molle, d'un type
nouveau, dont il a synthétisé l'essence par quelques formules brillantes et
définitives (l'«hyperfestif», l'«envie de pénal», et surtout la tolérance «qui
ne tolère plus rien auprès d'elle-même»). Cette théorie, désormais classique,
doit à mon sens faire partie du bagage de tout homme cultivé.
L'année 2002 restera, aussi, celle où la machine Muray a, pour la première
fois, connu quelques ratés. Son fonctionnement, pourtant, n'est nullement en
cause; on peut même dire qu'il n'a jamais été aussi brillant. Sa magnifique
description, par exemple, de la quinzaine anti-Le Pen qui a égayé la France en avril-mai 2002
est sans doute un de ses plus beaux textes.
Toutes ses qualités s'y montrent à plein : ampleur de vues, sens historique,
précision dans le détail, et surtout ce coup d'oeil prodigieux qui lui permet,
au coeur des détails, de choisir le plus significatif, celui qui va d'emblée au
coeur du problème (en l'occurrence, la pancarte : «Non aux méchants» brandie
par la petite fille). Ma thèse en réalité est que ce n'est pas Philippe Muray
qui va de travers, mais le monde ; que le monde, autour de lui, commence à
produire quelques phénomènes aberrants, dont on ne peut assurer qu'ils soient
non Muray-interprétables, mais qui sont au moins Muray-ambivalents ; qu'en
somme la bonne pensée unique et la terreur molle qui en procède commencent à
laisser entendre de légers craquements.
Commençons par la sinistre affaire Rose Bonbon. Philippe Muray
(interrogé il est vrai «à chaud» par le Figaro-Magazine) y a vu une
répétition de la fastidieuse pantomime du censuré et du censeur (qui se termine
classiquement par la ridicule déroute du censeur). Les faits d'ailleurs
semblent pour cette fois lui avoir donné raison ; je rappellerai quand même que
l'affaire a été tangente, et qu'elle ne s'est conclue que par l'intervention de
Nicolas Sarkozy, prenant conscience du chiendent qu'il y a, dans la perspective
d'un destin présidentiel, à rester associé au «retour de l'ordre moral». L'Enfant
Bleu a perdu, mais dans des conditions qui lui laissent augurer une
prochaine victoire. La vérité de cette affaire est que la croisade
antipédophile, ivre de ses succès, ne se connaît plus aucune limite, même plus
le respect de la présomption d'innocence, et en tout cas certainement pas celui
de la «liberté d'expression du romancier». On a même entendu des argumentations
hallucinantes, selon lesquelles Jones-Gorlin, en sa qualité de romancier, était
doublement coupable, puisqu'on ne pouvait même pas lui faire crédit de l'authenticité
du témoignage. Je n'exagère pas : cela s'est dit, et écrit, par des gens
ayant responsabilité associative.
Or les tenants de la bonne pensée unique se trouvent ici dans une position
bien douloureuse. Car s'ils aiment les créateurs qui dérangent, ils
aiment également, et d'un amour aussi sincère, les tout petits enfants. Nous
assistons en d'autres termes au développement d'une contradiction au
sein de la bonne pensée unique (que j'appellerai dans la suite de ce texte, par
convention de langage, la gauche).
Mon propre procès, au premier regard, semble moins captivant ; car je suis
un mâle occidental, donc une espèce de beauf ; en ce sens, mes positions n'ont
rien que de très logique. L'ingénieux critique Pierre Assouline a même
découvert que j'avais de tout temps été animé par une haine obsessionnelle des
Arabes ; que c'était là, contrairement aux apparences, le vrai sujet de Plateforme,
et peut-être de tous mes livres. Je me demande vraiment ce qui m'a retenu de
faire un procès à ce minable ; sans doute faudrait-il que je travaille mon envie
de pénal. Au-delà de mon cas personnel, pourtant, tout observateur
attentif percevra qu'il va y avoir, rapidement, des problèmes. Que, sans cesser
de pourchasser l'islamophobe, l'homme de gauche va devoir continuer à soutenir
Taslima Nasreen (qui de son côté va gaiement répétant que la stupidité et la
cruauté ne sont pas des dérives monstrueuses de l'islam, mais font partie de sa
nature intrinsèque) ; considérons aussi que de tels exemples vont probablement
se multiplier, sans compter la racaille de banlieue qui vire antisémite, et tous
les autres soucis.
Il faudrait évoquer ici ces rats de laboratoire, soumis par des éthologues
sans coeur à d'incessants stimuli contradictoires. Je ne me souviens
plus exactement de ce qui leur arrive ; mais, de toute façon, rien de bien
réjouissant. En un mot comme un cent, je le confirme : l'homme de gauche est
mal parti.
L'épisode le plus significatif, et sans doute le plus lourd de conséquences,
de la période qui s'ouvre, est sans doute l'affaire des nouveaux
réactionnaires, déjà abondamment relatée par les gazettes. L'ouvrage,
c'est le moins qu'on puisse dire, n'a guère été loué. En sa qualité de flic en
chef, Edwy Plenel se devait de couvrir son subordonné ; il s'en est
acquitté avec conscience, quoique sans enthousiasme ; peut-être sentait-il déjà
que l'affaire était mal engagée. La plupart des journalistes en effet semblent
avoir considéré avec réticence ce fastidieux exercice de name dropping
; il leur a semblé bien long, malgré ses 96 pages (ceci à comparer, une fois de
plus, à la délectation sensible avec laquelle ils citent le moindre petit
extrait des pavés de Philippe Muray).
Tout cela n'était pas encore vraiment alarmant ; qu'un homme de gauche
écrive un livre insipide, rien d'anormal, c'est même plutôt dans l'ordre ; mais
ce qui s'avéra plus grave, nettement plus grave, fut la réaction des accusés.
L'infortuné Lindenberg s'imaginait sans doute qu'ils allaient se disperser
comme des petites souris, jurant que jamais eux, les autres peut-être, mais
eux, non, oh ! quel méchant procès. Loin de là, que vit-on ? Finkielkraut se
mit carrément en colère, qualifiant tour à tour l'ouvrage de «stupide» et
d'«ignoble». D'humeur plus espiègle, Taguieff salua l'apparition du «premier
pamphlet mou», issu des rangs de l'«extrême-centre». Les deux, plus quelques
autres, rédigèrent sans tarder un Manifeste pour une pensée libre. Ce
n'est donc pas spécialement la honte, ni la terreur d'être démasqué, qui se
peignit dans leurs regards coupables ; mais plutôt un léger pétillement de
satisfaction à l'annonce de la reprise des hostilités.
Fait encore plus significatif, ce sont surtout leurs adversaires qui ont dénoncé
l'amalgame, alors qu'eux-mêmes semblaient plutôt satisfaits d'être ainsi
amalgamés (à titre personnel, je confirme : appartenir à une liste qui compte Finkielkraut,
Taguieff, Christopher Lasch, Muray et Dantec a tout pour me réjouir – je
connais moins les autres, mais ça me donnerait plutôt envie de les lire). Les
choses en sont venues à ce point que ces mêmes adversaires les ont hâtivement
absous de l'odieux qualificatif, dans la crainte tardive qu'ils n'en viennent à
le revendiquer.
Las, le mal était fait, et le ver dans le fruit. Infortuné Lindenberg, les
mutations les plus décisives ont parfois pour catalyseur les incidents les plus
minimes. Rappelons qu'il y a quelques mois, les «nouveaux réactionnaires»
étaient si faibles, si fantomatiques et surtout si mal organisés qu'ils
n'avaient même pas été capables de mettre sur pied un soutien correct à la
candidature de Jean-Pierre Chevènement. Ce mince opuscule aura eu pour effet de
resserrer leurs rangs, de leur faire prendre conscience qu'ils avaient de leur
côté l'intelligence et le talent, et d'en faire sans qu'ils l'aient cherché la
première force intellectuelle du pays. Voilà qui est supérieurement joué,
camarade Rosanvallon ; vous allez recevoir des félicitations, au prochain forum
de Davos.
Maintenant qu'il est établi que nous sommes les meilleurs, nous allons enfin
pouvoir étaler l'ampleur de nos désunions devant un public ravi de la qualité
de l'échange. Dans mon agenda personnel, je prévois déjà un débat avec Philippe
Muray sur les bienfaits du tourisme de masse ; un autre avec Dantec sur les
perspectives du clonage reproductif humain ; une sorte de colloque général sur
le monothéisme, et peut-être un autre sur la prostitution (les deux sujets
ayant au moins ceci de commun que tout le monde a quelque chose à en dire).
Autant vous le dire tout de suite : en 2003, ça va pulser grave ; ça
va vous changer de la
Fondation Saint-Simon.
Reste à trouver un sponsor, et c'est avec un peu d'émotion que je
me tourne vers vous, aimables réactionnaires classiques, nobles gardiens de la
maison ancienne. En ce temps de Noël, réjouissez-vous, car l'éternel vous a
suscité une postérité abondante. C'est sans doute avec un peu d'inquiétude que
vous avez assisté à un afflux si massif sur vos côtes naguère paisibles ;
d'autant que les précédentes occurrences du nouveau (nouveau roman,
nouveaux philosophes) avaient de quoi susciter une suspicion légitime sur la
qualité de cette immigration. Rassurez-vous : ils sont intelligents,
travailleurs et au fait de vos coutumes ; ils sauront s'adapter. Nous saurons
conserver le meilleur de votre tradition ; nous maintiendrons. Nous saurons,
aussi, procéder aux ajustements indispensables à l'entrée dans le troisième
millénaire. Détendez-vous, kids, on prend l'affaire en main ; vous
apercevez le bout du tunnel. Je n'ai pas besoin de vous vanter nos
intellectuels, vous les connaissez déjà un peu. Vous savez que vous disposez en
Finkielkraut et Taguieff de recrues redoutables, capables de pulvériser
n'importe quelle deuxième gauche, s'il s'en présente. Le cas des romanciers,
j'en conviens, est plus épineux. Passons rapidement, si vous le voulez bien,
sur la question des moeurs (drogue, partouzes). Vous en avez déjà assimilé bien
d'autres, et qui ne valaient guère mieux. Mais qui peut, aujourd'hui, prévoir
ce que pensera Maurice Dantec dans cinq ans ? Il semble en ce moment se nourrir
de bons auteurs (Revel, de Maistre) ; mais le projet de fond reste une synthèse
entre le catholicisme et Nietzsche. Projet impossible, et de ce fait
inquiétant, car s'il peut avoir d'intéressants à-côtés (production de
chefs-d'oeuvre), il n'offre aucune vraie garantie de fiabilité idéologique. Mon
propre cas, je l'admets, et compte tenu des auteurs que j'aime à citer
(Schopenhauer, Auguste Comte, Wittgenstein quand je suis de bonne humeur), est
à peine moins problématique.
Eh bien, comment dire ? Il vous faudra prendre sur vous. Couvrir d'un voile
compatissant ou narquois les errances idéologiques ; faire un effort pour vous
concentrer uniquement sur l'aspect littéraire des textes. Vous pouvez le faire
; vous l'avez déjà fait, votre passé glorieux en témoigne. Ne craignez rien ;
je sens que vous êtes déjà en train d'y parvenir.
mercredi 3 avril 2013
dimanche 17 mars 2013
SYMBOLES PHALLIQUES
Une petite suggestion de symboles phalliques à scier à la tronçonneuse...
L'obélisque de la Concorde
La tour Eiffel évidemment
La tour du crédit lyonnais à Lyon (car il faut bien qu'ils s'en prennent un peu sur la gueule ces connards de Lyonnais)
(d'ailleurs à l'époque on l'appelait la bite de Lyon)
Les deux tours du World Trade Center (ah non zut...déjà fait...en même temps ils en construisent une encore plus grande)
La pyramide de Khéops (si si je vous assure je connais quelqu'un qui en a une de cette forme)
.....
(liste non exhaustive)
lundi 18 février 2013
BONNES NOUVELLES
Au moins deux bonnes nouvelles en ce début 2013, un nouveau Nick Cave et un nouveau Poni Hoax.
samedi 16 février 2013
lundi 11 février 2013
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