lundi 27 octobre 2014
jeudi 28 août 2014
« Il n’est sans doute pas facile, même pour le créateur lui-même
dans l’intimité de son expérience, de discerner ce qui sépare l’artiste
raté, bohème qui prolonge sa révolte adolescente au-delà de la limite
socialement assignée, de l’ « artiste maudit », victime provisoire de la
réaction suscitée par la révolution symbolique qu’il opère. « (P. Bourdieu)
mercredi 4 juin 2014
mercredi 7 mai 2014
mercredi 2 avril 2014
Muray aura détesté avec délectation notre époque, son hygiénisme, son technicisme, son pacifisme, son festivisme, son droit-de-l’hommisme, tous les jolis prétextes sous lesquels elle abrite son inculture, son oubli du passé, et plus encore : sa démission, sa panique devant le devoir d’être humain, d’assumer les vieux démons de l’homme et sa blessure constitutive. Il l’aura dit inlassablement, infatigablement, avec une éloquence et une vigueur qui l’égalent aux plus grands polémistes.
Pourtant, et même lorsqu’un certain jeu médiatique a cherché à l’y réduire, Philippe Muray n’était pas le bougon de service, le « réac » toujours disponible, le ronchon authentifié. Lui qui haïssait les rebelles professionnels et autoproclamés, ne s’est pas résumé à la posture symétrique. Quand on aura lu, vraiment lu Philippe Muray, on découvrira bien mieux que ça. On découvrira un écrivain, descendant en droite ligne de Balzac et de Flaubert, de Voltaire et de Léon Bloy. Le travail unique et obstiné de Philippe Muray a consisté à élever, face au discours enveloppant et omniprésent de notre époque, un contre-discours, un rempart, une réponse. Une réponse inlassable. Intarissable. Précise. Au scalpel. Son oeuvre est un monument littéraire, et littéraire d’abord. Un formidable parapet, une digue, contre un seul péril en définitive : la pollution du langage. Non, Philippe Muray n’était pas un chroniqueur, un éditorialiste, un faiseur de tribunes ! C’était un écrivain. C’était une voix. Chapeau bas, s’il vous plaît.
Ceux qui le réduisaient à un rôle d’idéologue, ceux qui voulaient l’enfermer dans un rôle de fournisseur de discours, n’ont sans doute pas lu Minimum Respect, un recueil de poèmes parodiques, ironiques, dans lequel cet homme plein de pudeur et d’élégance, qui n’a jamais accepté d’afficher son coeur en bandoulière, laissait en creux passer le plus vrai de lui-même : la passion.
François Taillandier
samedi 8 mars 2014
vendredi 7 février 2014
Walter Benjamin - Notes sur Baudelaire
p371
La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable...Pour que toute modernité soit digne de devenir antiquité, il faut que la beauté mystérieuse que la vie humaine y met involontairement ait été extraite.
p?
Dans chaque oeuvre d'art véritable, il existe un lieu où celui qui s'y installe ressent un souffle frais pareil au vent d'une aube qui va poindre. Il en résulte que l'art, considéré souvent jusqu'ici comme réfractaire à toute relation avec le progrès, peut servir l'authentique finalité de celui-ci. Le progrès ne se situe pas dans la continuité du cours du temps, mais dans ses interférences: là où pour la première fois quelque chose de véritablement nouveau se fait sentir avec la sobriété de l'aube.
p418
Pour saisir la signification de la nouveauté, il faut revenir à la vie quotidienne. Pourquoi tout le monde communique-t-il à autrui la dernière nouvelle? Vraisemblablement pour triompher des morts. Mais juste quand il n'y a rien de vraiment nouveau.
Le "moderne", le temps de l'enfer. Les châtiments de l'enfer sont toujours la dernière nouveauté qu'il y a dans ce domaine. Il ne s'agit pas de dire qu'il se passe "toujours la même chose", encore moins qu'il serait question ici d'éternel retour. Il s'agit au contraire de dire que le visage du monde, précisément sous l'aspect de la dernière nouveauté reste toujours en tous points la même chose. - C'est ce qui constitue l'éternité de l'enfer. Déterminer la totalité des traits sous lesquels la "modernité" se manifeste, ce serait représenter l'enfer.
La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable...Pour que toute modernité soit digne de devenir antiquité, il faut que la beauté mystérieuse que la vie humaine y met involontairement ait été extraite.
p?
Dans chaque oeuvre d'art véritable, il existe un lieu où celui qui s'y installe ressent un souffle frais pareil au vent d'une aube qui va poindre. Il en résulte que l'art, considéré souvent jusqu'ici comme réfractaire à toute relation avec le progrès, peut servir l'authentique finalité de celui-ci. Le progrès ne se situe pas dans la continuité du cours du temps, mais dans ses interférences: là où pour la première fois quelque chose de véritablement nouveau se fait sentir avec la sobriété de l'aube.
p418
Pour saisir la signification de la nouveauté, il faut revenir à la vie quotidienne. Pourquoi tout le monde communique-t-il à autrui la dernière nouvelle? Vraisemblablement pour triompher des morts. Mais juste quand il n'y a rien de vraiment nouveau.
Le "moderne", le temps de l'enfer. Les châtiments de l'enfer sont toujours la dernière nouveauté qu'il y a dans ce domaine. Il ne s'agit pas de dire qu'il se passe "toujours la même chose", encore moins qu'il serait question ici d'éternel retour. Il s'agit au contraire de dire que le visage du monde, précisément sous l'aspect de la dernière nouveauté reste toujours en tous points la même chose. - C'est ce qui constitue l'éternité de l'enfer. Déterminer la totalité des traits sous lesquels la "modernité" se manifeste, ce serait représenter l'enfer.
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